Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, repassant dernierement par Avignon à notre retour de Marceille,
2estant allé bayser les mains au seigneur Torquatto, après lavoir assez
3longuement entretenu, je receups une charge de luy pour vous dire,
4de laquelle, si je ne men suys sitost acquitté comment je debvois, je
5vous suplie très humblement en accuser lesperance que javois destre
6de iour à aultre deschargé de quelques affères qui me pressoyent
7assez pour avoir moyen de vous aller fère la reverance et la vous
8dire de bouche ; mais, men estant encores survenus de nouveaux,
9et telz quilz ne me permettent si promptement partir disy, je nay
10voulu faillir vous fère entendre par cettecy les propos quil me
11tint, après mavoir protesté quil ny avoit seigneur en France, fussent
12les mareschaulx mesmes, à qui il voulust ceder pour le commandement,
13mais qu’à vous il obeyroittouiours comment votre valet mesmes, pour
14avoir par voz actions tant recongnu de meriter en vous quil
15ne penssoit que le pape, le roy et le roy d’Espaigne eussent
16auiourduy personne si digne en leur service que vous ; il me
17pria très instamment vous dire que ayant en quelques jours au
18paravant ung catterre si violent quil lavoit presque failly
19à suffocquer, il avoit envoyé demander congé à sa Sainteté
20pour aller en Italie changer dair, lequel, penssant luy estre
21accordé, il vous suplioit si aviez affère dobtenir quelque chose
22dicelle, de luy en envoyer les memoyres et questant à Rome,
23il vous servoroit de si fidèle soliciteur quil ne failloit point
24doubter que nemportissiez ce que demanderiez, tant pour le
25service quil vous y feroit, que pour la bonne envie que sadite
26Saincteté avoit de semployer pour vous, comment rendoit
27temoignaige la lettre que le cardinal Alexandrin luy avoit
28escripte, laquelle ledit seigneur Torquatto vous avoit envoyée
29comment il me dict ; et si estiez en ceste volonté quil se failloit
30haster, car les papes ne sontdesi longue durée que les rois, et memes
31[v] cetuy cy qui avoit desia le pied sur la fosse. Monseigneur, il me dict
32cela avec telle si affectionné quil meust semblé faire trop de tort
33à sa bonne volonté si je ne vous leusse escript par les mesmes
34termes quil me tint, ce que je masseure quil executeroit plus volontiers
35quil ne le presente. Voilla en somme tout ce dont il me chargea que
36je vous suplieray encores très humblement ne trouver mailvais si
37les raisons que jey deduictes cy dessus me serviront sil vous
39plaict de legitime escuse. Et atant
40monseigneur, je vous bayseray très humblement les mains, supliant
41le Createur quil vous doint en parfaicte sancté très longue
42et heureuse vie. De Blanieu, ce XIIIIe septembre 1571.
43Votre plus humble et obeyssant serviteur
44Blanieu